HISTOIRE
du Prieuré de VAUSSE :
Au XIIème siècle, Anséric VI
de Montréal, fils et petit-fils de la Seigneurie de Montréal,
décida de faire ériger le Prieuré de Vausse
à quelques kilomètres de Chatel-Gérard, dans
une petite clairière située au cœur de la forêt
de Saint-Jean.
La construction
se fit au cours du XIIIème siècle.
Le Prieuré
dépendait d'une abbaye mère: l'Abbaye du Val Des Choues,
située dans la forêt de Chatillon-sur-Seine. Le Prieuré
de Vausse fut placé sous l'égide de Saint Denis et
de Notre-Dame.
Les fondateurs et bienfaiteurs furent donc Anséric VI de
Montréal et son épouse Nicolette de Vergy, enterrés
ensemble dans la nef de l'église. |
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L'ensemble
architectural du Prieuré, en comparaison des édifices
construits à la même époque, a un coté
rustique, sobre dû à l'épuration des lignes. Les
matériaux utilisés ont été ceux de la
carrière d'Anstrude, située près de Bierry-les-Belles-Fontaines.
La communauté religieuse était composée de moines
cisterciens (vingt et un à son apogée) dirigée
par un prieur.
Les moines étaient voués au travail, à la prière
et menaient une vie quotidienne rude et simple. Ils ne devaient pas
quitter la communauté; seul le prieur en avait le droit. Par
ailleurs, ce derniers était élu par les moines. |
L'époque était aux croisades. Les grands de ce monde
ne manquaient jamais, soit au départ, soit au retour de leurs
voyages en Terre Sainte, de rendre visite à la Communauté
et d'y faire de nombreux dons sous forme de redevances annuelles
en argent, en céréales, ou en matières premières,
ou en droit de pâture.
C'est ainsi
que le Prieuré de Vausse devint riche et prospère.
Les revenus des moines étaient énormes; ils prélevaient
des dîmes sur quarante village des environs.
Les moines
étaient très respectés dans la région
grâce à leur grande sainteté mais aussi grâce
à la protection accordée par les Seigneurs et Comtes
de Bourgogne.
Une messe annuelle
réservée aux pèlerins étaient célébrée
dans l'église, mais celle-ci ne suffit plus à contenir
le nombre croissant des fidèles. C'est ainsi qu'au XIVème
siècle fut construite une chapelle accolée à
l'église, destinée à recevoir les pèlerins.
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Peu après, au cours du XVème siècle, le prieur
Guy BOSSON fit reconstruire deux galeries du cloître qui étaient
endommagées.
Au cours des deux siècles suivants, la réforme religieuse
entraîna la décadence, la fin de la prospérité
et n'épargna pas le Prieuré de Vausse. Le nombre de
moines diminua d'année en année. Les dons, pourtant
écrits, furent contestés par les héritiers des
donateurs et les moines intentèrent des procès qu'il
perdirent le plus souvent.
Le bâtiment, déjà en mauvais état faute
de revenus, subit au milieu du XVIIIème siècle un incendie
qui détruisit la salle capitulaire et le dortoir des moines.
Ces bâtiments ne furent pas reconstruits, le nombre de moines
devenant de plus en plus faible.
En 1763, le seul moine vivant à Vausse est rappelé à
la maison mère. Durant six siècles, trente cinq prieurs
se sont succédés à la tête du Prieuré
de Vausse.
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Voilà
comment se termine la vie monacale au Prieuré de Vausse.
Mais il est aisé, malgré les siècles écoulés,
de s'imaginer l'ambiance de l'époque: la vie de labeur et
de prière des moines, dérangés par les visites
des Grands de Bourgogne qui, dit-on, utilisaient Vausse comme pavillon
de Chasse....; les pèlerinages des paysans qui mettaient
la communauté religieuse en effervescence. La quotidienneté
des moines consistait en travaux des champs, engrangement des récoltes,
ponctués par les appels à la prière.
VAUSSE
: Lieu de pèlerinage
Autrefois, dans la région,
quand au cours d'une grande sécheresse les paysans aspiraient
à une bonne pluie qui se faisait attendre, tous se mettaient
en devoir de faire pèlerinage à Notre-Dame-de-Vausse.
La tradition est restée très vive dans la mémoire
des anciens.
Les gens de Sarry, entre autres, se rendaient à pied par
"le chemin de Vausse", le manteau plié sur le bras
malgré le soleil resplendissant. Arrivés à
Vausse, dévotion faite, ils n'avaient plus qu'à revenir.
Mais couvert car l'eau du ciel ne résistait pas à
la foi des fidèles et se déversait en abondance.
A Sarry, on attribuait ce succès à Saint-Pioton (que
l'on retrouve à Censy). A Vausse, on peut voir un morceau
de sculpture montrant une série de pieds alignés (la
partie supérieure ayant disparue). Serait-ce Saint-Pioton
et sa famille ou bien ou le reste d'un retable représentant
six apôtres...???...(un deuxième groupe de personnages
semblables ayant disparus).
Une autre tradition veut que les femmes se voyant privées
de naissance fissent pèlerinage à Vausse pour obtenir
la fécondité.
LA FAIENCERIE:
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En
1792, Joseph DUMORTIER acquit le Prieuré de Vausse où
il fonda la faïencerie. Il était déjà propriétaire
de la faïencerie d'Ancy le Franc. La production consistait en
des objets utilitaires: assiettes, encriers, plats, bouteilles, soupières,
mais aussi statuettes, reproductions d'animaux, bénitiers,
carreaux, fontaines, ainsi que de nombreux pots de pharmacie. Le musée
de Villiers-Saint-Benoît, spécialisé en faïence
bourguignonne a d'ailleurs réservé une vitrine à
la production de Vausse. La pâte employée mêlait
des argiles recueillis à Anstrudes, des sables venant d'Etivey
ou de Decize, des argiles rouges venant des champs voisins. |
La décoration spécifique de la région est cependant
difficilement attribuable à Vausse, aux Cornes ou à
Ancy-le-franc puisque les ouvriers sont passés d'une fabrique
à l'autre et que l'on retrouve rarement une marque au dos
des faïences (un V). Les pièces étaient acheminées
par bateaux depuis Aisy-sur-Armançon, ou par voitures en
empruntant les routes.
ERNEST
PETIT (historien bourguignon)
En 1803, M DUMORTIER céda la fabrique de Vausse à
deux acquéreurs: C.P. LAPIPE et Nicolas PETIT. En 1820, LAPIPE
mourût et Nicolas PETIT racheta les parts à ses héritiers.
C'est ainsi que le Prieuré de Vausse devint la propriété
de la famille PETIT (au demeurant, originaire de Sarry).
Le fils de Nicolas PETIT, François PETIT, à la mort
de son père, continue à diriger la faïencerie
tout en exerçant sa profession de médecin.
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En 1855, il confia la fabrication à J. PHILIPOT qui possédait
la faïencerie des Cornes tout en gardant pour lui la commercialisation.
La faïencerie de Vausse cessa sa production en 1858.
Parallèlement, en 1835 et au Prieuré de Vausse, nait
Ernest PETIT. Après de solides études, il devient
ingénieur des Mines. Ses vacances à Vausse décidèrent
sa vocation. Surprenant une servante à couvrir les pots de
confitures avec des parchemins, il tenta de les déchiffrer.
Puis, poussé par l'attrait de ses premières découvertes,
il trouva le recoin où ils sommeillaient depuis des siècles.
Dès lors, la voie était tracée pour le jeune
chercheur qui consacra sa vie à l'histoire de la Bourgogne.
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Sa
plaquette inaugurale a été bien entendu réservée
au Prieuré de Vausse, puis il fit éditer en 1858 "Avallon
et l'Avallonnais", ouvrage illustré de cinq cents pages.
Son œuvre maîtresse fut le plus laborieux de ses travaux:
"L'histoire des Ducs de Bourgogne" en huit volumes.
En 1859, il entra à la société des Sciences
Historiques et Naturelles de l'Yonne dont il devint le président
en 1894.
En 1877, il fut élu Conseiller Général du Canton,
dont il honora sa fonction durant trente années. Il fut membre
de l'Académie de Dijon durant quatre ans. Il reçut
la Croix de Chevalier de la Légion d 'Honneur en 1898 pour
l'ensemble de ses travaux. Ernest PETIT mourut en 1918, à
l'âge de 84 ans. Au premier étage de l'église
du Prieuré, transformé en bibliothèque, il
trouvait l'isolement nécessaire à ses recherches. |
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